La République et la jupe

Les français se pensent-ils libérés avec ce nouveau couple présidentiel hors des institutions du mariage?  La république permissive a pourtant une vue particulière sur les tenues vestimentaires des résidentes de ce pays. Nous avons tous suivi les débats sur le foulard, le hijab, puis le jilbab, mais qu’en est il de la jupe ? Autrefois seule tenue autorisée dans les lieux d’études, elle est devenue taboue.

Lors de la journée de la femme, le 8 mars dernier, le scandale est apparu dans un collège d’une petite bourgade de l’Ain. Le magazine Marianne a même été saisi de l’affaire. Les faits : une trentaine de filles décident d’enfiler une jupe pour, comme elles dirent : « honorer la féminité ».  Le film la journée de la jupe avec Isabelle Adjani avait été leur inspiration. Puis, dès leur arrivée au collège, elles ont été remarquées par des professeurs et par voie de conséquence par le principal adjoint présent au collège ce jour-là. Aussitôt les gamines sont les cibles de quelques insultes : « journée de la jupe, journée de la pute » et surtout la cible des autorités. Elles doivent être mises à l’écart, car elles ont enfreint la loi, mais quelle loi ? Car comme l’affirme le principal, la jupe n’est pas interdite au collège. De même, ce collège est loin des banlieues des grandes villes où, comme le dit la journaliste de Marianne, Marie Huret: « la jupe est réputée échauffer les hormones », ce qui peut être interprété comme une bonne raison pour se couvrir des pieds a la tête si la jeune fille ne veut pas d’ennuis. En effet, comme l’avait signalé Simone de Beauvoir, les filles grandissent dans une autorité virile qui décide, entre autres, de leur apparence acceptable pour la république comme pour la religion, c’est à dire pour l’autorité patriarcale. Il faudra donc qu’elles se soumettent.

Revenons à notre affaire de jupes, après cette journée fatale, il y a eu réunion entre les parents et le principal de l’établissement. Celui-ci n’a pas voulu revenir sur les décisions prises ce jour là. Quand les parents ont demandé des excuses, il n’en était pas question, car il ne faut pas remettre en cause l’autorité.  En cause, un nouveau pouvoir ou bien devrait-on parler du pouvoir qui s’inscrit dans la biopolitique décrite par Michel Foucault qui ne demande pas seulement une domination hiérarchisée, centralisée, et fondée sur la discipline, mais une abnégation et une acceptation au plus profond de soi qui mimique la liberté du choix. Michel Foucault avait omis de rapporter cette description, fort juste par ailleurs, au control du corps de la femme.

Heureusement, les jeunes filles ont trouvé soutien parmi les enseignants, car leur seule demande de reconnaissance et de droit n’aurait pas suffit. L’un d’entre eux explique à la journaliste de Marianne que « cette affaire doit nous permettre d’ouvrir une réflexion collective. Pour l’heure, la priorité c’est de remettre les enfants au travail. » Voilà qui est dit, revenons aux bonnes valeurs, de travail, et pourquoi pas de servitude et celle ci se doit volontaire comme le décrivait déjà La Boétie dans son ouvrage rédigé en 1549.

Effectivement il y a du chemin a faire ou a refaire, car malgré les efforts  comme la parité gouvernementale pour montrer que la condition des femmes est prise en compte, les actes qui touchent de la vie quotidienne des filles, jeunes filles et femmes leur rappellent qu’elles sont a la merci de l’autorité masculine.